Le processus photographique en 10 étapes
|
Être photographe, que ce soit en tant qu’amateur, en tant que professionnel ou en tant qu’artiste, c’est bien plus que simplement appuyer sur le déclencheur face à un beau paysage ou pour capturer le regard amoureux d’un couple… dans cet article, je vais donc vous parler du processus photographique 🙂. Analogie à l’argentique |
Tout d’abord, je voudrais faire une petite analogie avec la photographie argentique. A cette époque, qui commence à être assez lointaine, il y avait aussi des personnes qui se contentaient d’utiliser un appareil photo Polaroïd et ils avaient leurs photos dans la seconde… mais que pouvait-on faire avec ces photos ? Pas grand-chose, si ce n’est la donner au premier venu, la coller sur son frigo ou l’épingler sur un mur. Par contre, si on voulait aller plus loin, produire des images de qualité pouvant servir pour un tirage papier, un livre, voire une exposition, il devenait nécessaire d’utiliser un appareil photo équiper d’un "vrai" film et de développer (ou faire développer) ses pellicules. |
Il en va de même avec le numérique. Il est possible de se contenter des photos au format JPG générées par l’appareil. Ou alors, d’aller plus loin en développant ses photos (fichiers RAW). Souvent, seuls certains initiés savent qu'il existe un format RAW et l'utilisent. L’utilisation d’une photo JPG produite par l’appareil reste limitée. Elle peut être de qualité bien sûr et utilisée pour garder de beaux souvenirs, les partager avec les amis ou la famille. Mais si le photographe veut faire un beau et grand tirage papier, une impression sur tableau en alu Dibond ou sur verre acrylique ou encore s’il veut exposer ses photos, il devra obligatoirement passer par la case de l’editing. C’est-à-dire, trier ses photos, en supprimer, les classer, les post-traiter et inévitablement faire une sélection de ses meilleurs clichés. Nous verrons toutes les étapes en détails par la suite, mais voyons déjà la liste des étapes du processus photographique pour vous faire une idée. Le processus complet (ou workflow) en général
Chacune de ces étapes est une compétence qui s’acquiert et se développe avec le temps. Certaines sont plus simples ou plus instinctives, d’autres doivent être apprises ou travaillées. L’ensemble de ces compétences vous permettra de devenir un meilleur photographe tout au long de votre cheminement photographique. Voyons maintenant chaque étape en détail. 1. Choix du sujetCette étape de préparation est optionnelle si vous n’envisagez pas de faire des séries ou si vous préférez le côté improvisé de la photo de rue par exemple. Cependant, elle peut-être un plus car le fait de se pencher sur le type et la nature du (ou des) sujet (s) que vous souhaitez mettre en valeur ou traiter dans votre projet vous amènera plus rapidement et plus efficacement vers votre but : avoir des bonnes photos de ce sujet. Pour les séries, c’est une étape inévitable afin de déterminer les paramètres récurrents qui constitueront la série. Le sujet en lui-même bien sûr, mais également les conditions de prise de vues (les longueurs focales, les lieux, les moments spécifiques, les ambiances lumineuses, les compositions,…), ainsi que le style et le rendu (couleur, N&B, traitement personnalisé,…). |
Le sujet est l'élément principal de l'image, celui qu'on doit voir au premier coup d’œil Selon ce que le photographe souhaite faire avec ses photos, le choix du sujet, mais aussi de tous les paramètres de prises de vues et de post-traitement, peuvent être réfléchis et définis au préalable. En effet, comme pour une série ou un projet de livre photo, la manière dont les images vont être utilisées peut fortement influencer toutes les étapes intermédiaires. Il est donc bon de se poser pour réfléchir à ce à quoi vos photos sont destinées. Surtout si vous ne voulez pas qu’elles finissent leur vie dans les méandres de votre ordinateur. 2. L'intentionUne fois que le sujet est défini, vient alors l’intention. L’intention, c’est ce que vous voulez montrer, la manière dont vous voulez mettre votre sujet en valeur. Pour le dire de manière encore plus clair (je pense), l’intention c’est de se poser la question de savoir pourquoi vous prenez une photo. Cette étape peut être facilitée par la préparation de votre sortie et après avoir déterminé ce que vous voulez photographier comme je l’ai expliqué dans la première étape. Une bonne façon de connaître son intention avant de prendre une photo est de se demander quel message on veut transmettre et de savoir si ce message est clair et précis lorsqu’on regarde son image. Voyons quelques exemples qui peuvent illustrer l'intention : Premier exemple - Transmettre une émotion |
La joie ou la bonne humeur La réflexion ou la concentration La tristesse ou la douleur |
Deuxième exemple - Transmettre une sensation ou une impression |
Une impression de chaleur Une sensation de froid |
Troisième exemple - Transmettre une ambiance ou une atmosphère |
Le travail, la productivité, l'esprit d'équipe La fête, les amis |
3. La compositionVous en avez certainement déjà tous entendu parler, la composition est la manière dont le photographe agence les éléments dans l’image pour les mettre en valeur. Il y a évidemment le cadrage (horizontal ou vertical) mais également la taille du sujet dans le cadre et surtout sa place, c'est-à-dire l’endroit où il apparaît dans l'image. Selon le sujet, le message à transmettre ou l’importance que l’on veut donner à tel ou tel élément, la manière de composer ne sera pas la même. L'exemple du passage cloutéDans l'exemple suivant, on peut voir un sujet commun, un groupe de personnes traversant un passage pour piétons. Le choix du cadrage est totalement différent, ce qui donne des impressions différentes et transmet deux atmosphères particulières. |
|
L'exemple du pêcheurDe même, avec ces trois photos de pêcheur. Les cadrages, l'agencement, la distance et donc la taille du sujet sont très différents, ce qui ne donne pas les mêmes impressions ou ne transmet pas les mêmes messages. |
|
|
4. La techniqueVient ensuite la technique. En effet, on peut savoir ce qu’on veut photographier et comment on veut le mettre en valeur. Même quel ressenti on veut faire passer au lecteur lorsqu'il regardera notre image. Mais le mettre réellement en image n’est réalisable que si on maîtrise son appareil photo. Savoir quels effets seront générés lorsque l’on ouvre plus ou moins le diaphragme. Lorsque l’on augmente ou réduit la vitesse d’obturation ou lorsque l’on utilise telle ou telle longueur focale, par exemple. Avoir une connaissance de ces aspects permet non seulement d’anticiper les résultats mais également de pouvoir utiliser l’appareil photo de manière créative. Une fois bien maîtrisé, l’outil permet au photographe de retranscrire de la manière la plus fidèle ses idées et ce qu’il a imaginé avant de déclencher. Premier exemple - Ouverture du diaphragme et profondeur de champ |
Une grande ouverture pour une faible profondeur de champ (zone de netteté) Une faible ouverture de diaphragme pour une zone de netteté étendue |
Deuxième exemple - Vitesses d'obturation (net et flou) |
Une grande vitesse d'obturation (1/2000s) pour figer l'action Une vitesse d'obturation plus lente (1/10s) pour retranscrire le mouvement |
Troisième exemple - Longueurs focales et angles de champ |
Une longueur focale plus courte ou grand angle (24mm) pour un large champ Une grande longueur focale ou téléobjectif (200mm) pour cadrer plus serré |
5. L'instant (du déclenchement)Avec les appareils numériques on peut déclencher à tout va, ce qui peut être un avantage dans certaines situations. Mais ce qui fait une photo réussie, originale, voir remarquable et inoubliable c’est le moment où elle a été prise. L’instant capturé peut faire toute la différence. Alors, pensez toujours à ce que vous voulez montrer. Imaginez votre image avant de déclencher. Et réunissez toutes les conditions qui vous permettront d’obtenir cette image avant d’appuyer sur le déclencheur. |
une seconde avant ou après, cette photo n'aurait pas eu le même impact visuel au bon endroit au bon moment, l'effet est bluffant ici aussi, être où il faut et attendre le bon moment pour déclencher |
6. Le transfert des fichiers (organisation)Ça y est, vous avez fait vos photos, vous êtes satisfait. Vous avez déjà regardé plusieurs fois l’écran de votre appareil tellement vous êtes fier de vos clichés. Mais ce n’est pas fini ! Vous seul pouvez en profiter pour l’instant. Et puis, ce petit écran est-il fiable ? Vos photos sont-elles vraiment nettes, n‘y a-t-il pas des choses à corriger, des photos à supprimer ? Bref, pour faire une sélection efficace et choisir les meilleures images, le meilleur moyen c’est l’écran d’ordinateur. Et un grand de préférence ! Donc, pour cela, il vous faut transférer vos fichiers photo, les copier sur votre ordinateur. |
|
Pour éviter de perdre vos photos, la chose la plus importante est de bien les organiser. De les classer de façon logique et soignée. Ma recommandation est de créer un dossier « Photo(s) » sur le disque dur de votre ordinateur. Ensuite, dans ce dossier vous créez un nouveau dossier pour chacune des sorties ou séances photo que vous faites. Pour retrouver facilement la série de photo que vous cherchez, il y a deux critères indispensables pour nommer ces dossiers. D'un côté la date de la prise de vue et de l'autre le titre ou une courte description de ce que vous avez photographié. |
|
Par exemple, « 220923 - Photos du jour ». Notez que la date commence par l’année, suivie du moi et du jour. La raison de cela est simple, les dossiers sont classés de manière chronologique, par année, puis par mois et enfin par jour. Si vous faites d’une autre manière, tout sera mélangé et vous vous y perdez. Donc, pensez à les nommer de cette manière "AAMMJJ"(Année/Mois/Jour). Voici un exemple... |
|
7. Le triDès que vos photos sont sauvegardées dans un dossier sur votre disque dur, vous pouvez les importer dans votre logiciel de développement (post-traitement) préféré. C’est à ce moment-là que vous devriez commencer à les trier. Personnellement, je commence toujours par faire une première passe pour supprimer toutes les photos ratées ou comportant un défaut trop important. Celles que je suis sûr de ne pas garder. J’en profite pour faire un premier prétraitement pour avoir une idée du résultat final. Mais à cette étape, le but est principalement de réduire le nombre d’images et de ne garder que celles qui pourront être utilisées par la suite. La plupart des logiciels de traitement d’images offrent la possibilité de classer les images (étoiles, couleurs, drapeaux,…). Cela vous permet de rapidement donner plus d’importance à celles que vous allez travailler et sublimer par la suite. |
|
8. Le développement (ou post-traitement)Vient alors l’étape du développement. Cette étape est également très importante car c’est celle qui va amener le rendu final. Et plus particulièrement votre style à vos images. A ce stade, vous jouer sur les différents paramètres de post-traitement tels que la luminosité, le contraste, la netteté, la saturation, la balance des blancs,… Vous pouvez également recadrer, redresser et jouer sur les perspectives. Le tout pour obtenir des images qui vous ressemblent ou qui correspondent au mieux à ce que vous avez vu ou à ce que vous voulez transmettre. |
|
9. La sélectionVoilà, vos images sont traitées et exportées dans le dossier final sur votre disque dur. Pensez à utiliser le même nom de dossier que pour les fichiers RAW. Il sera d’autant plus simple de retrouver les photos lors du processus photographique et de faire le lien entre les deux dossiers dans le futur. Il faut maintenant penser à sélectionner les photos que vous voulez utiliser. En fonction de l’utilisation que vous voulez en faire, vous pourriez faire des choix différents. Par exemple, si c’est pour un tirage unique ou un cadre, la sélection ne sera pas nécessairement la même que si vous souhaitez faire une exposition ou un livre photo. Déterminez donc à l’avance, l’utilisation de cette (ou ces) photo(s) avant de commencer la sélection finale. Il arrive parfois que la sélection change ou évolue au cours d’un projet. Raison pour laquelle, il vaut mieux créer un nouveau dossier pour y mettre les images sélectionnées plutôt que de supprimer les photos potentiellement inutilisées. |
… ou en réel sur base de photos d'épreuve |
10. La publication, l'impression, l'expositionL’étape finale du processus photographique, c’est celle pour laquelle on a le plus de satisfaction au final. La photo imprimée ! La photo "physique" on peut vraiment l'admirer, l'apprécier, la commenter, l'acheter, la publier,… Par expérience, j’ai pu constater qu’une photo imprimée sur papier et posée sur un meuble dans la maison, on la regarde beaucoup plus que si elle reste sur l’ordinateur. J’ai donc décidé il y a quelques temps d’imprimer chaque année une sélection de photos qui me plaisent ou dont je suis particulièrement fier. Ce peut être de simples tirages papier en 10x15 ou 13x18 et parfois des tirages plus grands. A simplement encadrer, ou même sur des cadres en alu Dibond ou en verre acrylique. |
Exemple de cadres imprimés sur toile ou tableau en alu |
Différents types d'albums |
|
Si on a le désir d’aller plus loin, de montrer ses photos au plus grand nombre, on peut opter pour la mise en place d'une exposition qui est également une excellente option de diffusion. Une sélection de 20, 30 ou 50 photos imprimées en 30x45 ou 40x50 et encadrées, exposées dans un lieu qui s’y prête, dans une ambiance cosy, sera du plus bel effet. Une autre option pour toucher plus de monde et garder une trace de votre travail photographique, ce sont les livres photo ou livres d’auteurs. Là aussi, une sélection de vos plus belles photos organisées et imprimées en pleine page dans un beau livre ne laissera personne indifférent. |
Expositions photo |
ConclusionQuel que soit votre ambition ou vos sujets de prédilection, que vous soyez photographe amateur, professionnel ou artiste, gardez à l'esprit que si vous souhaitez évoluer en photographie et un jour publier vos photos, il est important de considérer le processus photographique dans son ensemble… alors pourquoi ne pas commencer maintenant ? Chaque étape a son importance et a une influence sur le résultat final et la qualité de ce que vous montrez et diffusez. Même sur le net ! |
Vous êtes intéressé par d'autres articles de ce genre ? Cliquez sur les Tags pour voir des articles similaires :
Ces articles pourraient vous intéresser
3 excellentes raisons de photographier en noir et blanc
Aujourd'hui, la photographie numérique est essentiellement pratiquée en couleur, même si un certain nombre de photographes se spécialisent dans le noir et blanc par la suite. Ça n'a pas toujours été comme cas. Quand la photographie est née, toute image était en noir et blanc ou du moins en monochrome. Sans pouvoir figer toutes ces couleurs qui nous entourent. Notre vision (d'être humain) nous offre la possibilité de distinguer une multitude de couleurs...
Lire l'article8 principes de composition que tout photographe devrait connaitre
Vous avez du mal à créer des compositions étonnantes ? Nous sommes tous passés par là. La composition est un sujet délicat à maîtriser. Certains photographes passent des années à développer leurs compétences avec un succès limité. Heureusement, créer de bonnes compositions n'est pas aussi difficile qu'il n'y paraît. Les artistes ont mis au point une poignée de principes, ou plutôt des lignes directrices, qui vous permettent de créer un équilibre, un flux, un impact et une beauté sans avoir besoin de beaucoup d'entraînement...
Lire l'articleL'éditing ou l'importance de trier ses photos
Cela fait plusieurs semaines que j'ai envie de vous parler d'éditing. Contrairement à ce que l'on pense lorsque l'on débute, pratiquer la photographie ce n'est pas juste se balader avec son appareil et prendre des photos à tout va et les publier sur les réseaux sociaux. Même le post-traitement n'est pas une finalité en soi. On voudrait pourtant souvent le croire ! Évidemment, avec les appareils numériques, c'est facile de s'imaginer photographe, on déclenche et on a directement l'image sous les yeux...
Lire l'article
Modifier le commentaire